Les archétypes
Selon Jung, l’inconscient collectif est le dépositaire de principes fondamentaux qu’il nomme « archétypes». Il décrit ceux-ci comme des « empreintes originelles » gravées dans la psyché collective de l’humanité. C’est l’influence de ces archétypes, innés ou hérités, qui explique l’existence de structures psychiques semblables chez les humains de toutes les époques et de toutes les cultures.
Cette tendance de l’âme humaine à reproduire des structures semblables apparaît dans les mythes, les légendes, les contes de fées, et dans certains rêves particuliers, que Jung nomme précisément « rêves archétypaux ». Ceux-ci se présentent lors des grands passages de l’existence ou de moments de crise. C’est comme si, en ces périodes cruciales, l’âme puisait dans ses ressources les plus profondes, pour venir à la rescousse du conscient, lui présentant des images et des symboles du monde archétypal.
L’un des archétypes fondamentaux, au plan spirituel et intemporel, est le sens du sacré. Le sentiment de transcendance divine est inscrit dans l’âme humaine de toute éternité. Reprenant un enseignement du christianisme primitif, Jung déclare que « l’image divine (imago Dei) est imprimée dans l’âme humaine ». Selon lui, le Soi des hindous et l’imago Dei des Pères de l’Église correspondent à une même réalité : la trace du Divin au centre de l’âme humaine. Et l’une des plus belles représentations de ce centre intérieur, selon lui, est le mandala. « Le mandala est une image archétypique dont l’existence est vérifiable à travers siècles et millénaires. Il désigne la totalité du Soi. »
Mais l’âme humaine, toute divine soit-elle à son origine, n’en est pas moins incarnée, et, par conséquent, soumise également à des influences ou archétypes d’origine temporelle. Au cours des millénaires, l’âme humaine a connu des expériences qui l’ont marquée et ont laissé des traces dans la psyché collective.
Bref, parmi les archétypes qui nous influencent et nous façonnent, les uns sont innées et intemporels alors que d’autres sont hérités et temporels. Parmi ces derniers, l’archétype maternel est fondamental. Des millions d’années de « maternage » ont laissé des traces dans l’inconscient collectif, les unes positives comme la protection et la tendresse, et d’autres négatives comme la surprotection et l’envahissement. Ainsi, dans une perspective jungienne, si un rêve présente une figure maternelle très puissante, l’interprétation devra tenir compte, non seulement de notre rapport personnel avec notre propre mère, mais aussi de l’archétype maternel, tel qu’il est décrit dans des études portant sur le symbolisme universel. On pourrait faire la même remarque à propos de l’archétype du père, de l’enfant, etc., qui comme celui de la mère, portent les marques de la dualité, de l’ambivalence.