Quatre éléments, trois principes
« Prendre son temps », voilà bien une injonction traditionnelle dont l’homme moderne devrait s’inspirer davantage. « Je n’ai pas le temps », répond-il alors, prétextant que ses obligations sociales, professionnelles ou familiales l’empêchent de se consacrer à l’essentiel. Et pourtant ! Celui qui, patiemment, entretient son jardin, qu’il soit d’agrément ou potager, sait mieux que le citadin stressé l’importance de la lenteur dans le développement harmonieux de cette autre conscience, de cet « autre regard » qui nous permet de pressentir l’invisible, le subtil, derrière l’évidence des sens et de l’intellect. L’alchimiste est précisément un jardinier de la matière. Il sait que cette dernière ne vient pas de nulle part, mais que le diamant lui-même a maturé pendant des éons de temps, pour passer de la forme d’un bloc de carbone informe à celle d’un joyau étincelant. Tout pour l’alchimiste est vivant, et aucun des règnes n’échappe à la loi universelle de la vie. Les métaux mêmes ont une âme, bien qu’elle ne soit pas de même nature que chez les êtres vivants, et la quête alchimique permet d’approcher cette quintessence qui relie tous les éléments naturels entre eux et explique à la fois leur évolution et leur participation commune au Grand Tout cosmique. Car tout dans la nature est en correspondance, comme l’ont enseigné des générations de mystiques, de prophètes et … de poètes, dont Rimbaud cité en exergue n’est pas le dernier.