Douzième loi
« À l’issue de son évolution spirituelle, l’âme de tout être humain réintègre l’Âme universelle en toute pureté et vit en pleine conscience dans l’Immanence divine ».
[…]
« Dans l’absolu, l’état Rose-Croix, qui correspond à ce que les Chrétiens appellent « état Christique » et les Bouddhistes « état Bouddhique », est celui qu’ont manifesté sur Terre les êtres d’exception que l’on qualifie de « Maîtres spirituels » et dont le nom est associé à une tradition, une religion ou une philosophie particulière. Pour en citer quelques-uns, tel fut le cas de Jésus et de Bouddha, mais aussi de Zoroastre, Moïse, Pythagore, Confucius, Mahomet, Gandhi… Par leur vie et leur œuvre, de tels Maîtres ont marqué l’histoire de l’humanité et ont contribué à son élévation. Mais ce qui fit leur valeur, ce ne sont pas vraiment les « miracles » qu’on leur attribue dans différents domaines. Ce que nous devons admirer chez eux, c’est la sagesse qu’ils manifestèrent à travers leur jugement et leur comportement. Or, c’est cette même sagesse que tout être humain est destiné à acquérir et à exprimer à un moment donné de son existence, lors d’une ultime incarnation.
Certes, on peut douter que le but de l’homme soit de se parfaire, notamment si l’on en juge à travers son imperfection actuelle et le mal qu’il est capable de commettre. Pourtant, la recherche de la perfection est une tendance innée en tout être humain et se manifeste tôt ou tard. Vous remarquerez d’ailleurs que nombre de personnes sont « perfectionnistes » et s’évertuent à donner le meilleur d’elles-mêmes dans ce qu’elles font. Ainsi, tel menuisier fait de son mieux pour parachever le meuble qu’il vient de créer, tel architecte se surpasse pour mener à bien son projet, tel sportif s’emploie à s’élever au plus haut niveau de sa discipline, tel musicien s’applique à devenir un virtuose, tel peintre rêve d’acquérir la maîtrise de son art, etc. Ainsi donc, l’homme est enclin à rechercher la perfection dans ce qu’il entreprend, car il aspire plus ou moins consciemment à exprimer ce qui est beau, pur et harmonieux.
Pour reprendre les exemples précédents, il arrive toujours un moment où un menuisier, un architecte, un sportif, un musicien, un peintre, etc., est au sommet de sa pratique, de sa technique ou de son art. On peut alors considérer qu’il est devenu un maître dans son domaine et qu’il ne peut plus progresser. De même, à l’issue de son évolution spirituelle, tout être humain acquiert la maîtrise de lui-même et n’a plus rien à apprendre des leçons de la vie, telle qu’elle se manifeste sur le plan terrestre. On peut considérer qu’il a atteint le but de l’existence humaine et qu’il est devenu un Maître spirituel. Lorsque vient pour lui le moment de mourir, son âme réintègre l’Âme universelle en suivant le processus que nous avons décrit dans la neuvième loi, mais, étant devenue parfaite, elle n’est plus dans l’obligation de se réincarner sur Terre. Pour reprendre l’un des préceptes bouddhistes, elle a mis fin à la longue roue des réincarnations.
De toute évidence, il est difficile de concevoir ce qu’une âme devenue parfaite vit et ressent lorsqu’elle a réintégré l’Âme universelle. Au regard des enseignements rosicruciens, elle s’apparente alors à une énergie purement spirituelle et se trouve dans un état que l’on peut qualifier d’« angélique », à défaut d’un terme plus approprié. Il est impossible de comprendre intellectuellement ce que recouvre un tel état, car il transcende tous ceux qu’un être humain expérimente lorsqu’il est incarné sur Terre. Si l’on en croit la description qui en est faite dans les récits traditionnels consacrés à ce sujet, tant en Orient qu’en Occident, il s’apparente à ce que nous vivons dans nos plus beaux rêves, lorsque nous avons le sentiment de ne faire qu’un avec l’univers et d’être en harmonie avec tout ce qui nous entoure. Nous baignons alors dans une parfaite sérénité hors du temps, de l’espace et de la matière. Tout est lumière, tout est vie, tout est amour.
Comme vous le savez sans doute, certaines exégèses bibliques et coraniques enseignent que l’homme est un ange déchu, cette déchéance étant due au fait qu’il aurait désobéi à Dieu au « commencement des temps », lorsqu’il vivait en Sa présence dans le monde spirituel. Au regard des remarques précédentes, il est plutôt un ange en devenir. En ce sens, je ne pense pas que ce que l’on appelle traditionnellement la « Chute » soit le résultat d’un Châtiment divin. D’un point de vue rosicrucien, la Création était une nécessité cosmologique, car il fallait que toute âme humaine (Ève) s’incarne (chute) dans un corps humain (Adam), condition absolue pour qu’elle puisse prendre conscience de sa nature divine et évoluer vers la perfection. De ce point de vue, l’homme n’est pas sur Terre pour expier un « péché originel » et vivre dans le malheur, mais pour connaître le bonheur en vivant en harmonie avec les lois divines. »
[…]