[…]
L’amour
« Tout être humain a tendance à aimer en priorité ses proches, puis ceux qui ont des points communs avec lui dans leur manière de vivre et de penser. Cette tendance naturelle s’explique par l’instinct grégaire, lequel nous incite à préférer ceux qui sont de notre famille de sang ou avec lesquels nous avons des affinités diverses. Si nous voulons que l’humanité vive un jour en paix, nous devons transcender cet instinct et nous ouvrir à tous nos semblables, quels qu’ils soient. À défaut d’y parvenir, nous devons au moins nous employer à ne haïr personne. La haine n’est pas seulement l’antithèse de l’amour. Elle est ce qu’il y a de plus destructeur dans la nature humaine et fait de tout individu l’incarnation du mal à l’état pur.
Les qualités ou vertus que nous venons de considérer ne sont que quelques-unes parmi celles que nous devons éveiller chez les enfants. Il en existe d’autres que je vous laisse le soin de définir. Toujours est-il que c’est dès le plus jeune âge qu’il faut leur expliquer en quoi il est bien, pour eux-mêmes et pour les autres, de les exprimer à travers leur comportement. Selon certains psychologues, les bases de l’éducation doivent être posées avant sept ans. Après cet âge, il est très difficile de revenir sur les mauvaises habitudes qui ont été prises, non seulement sur le plan comportemental, mais également dans la manière de parler. Ainsi, il est avéré que des enfants qui vivent dans un milieu où il est fréquent de crier, d’invectiver, d’être grossier, voire vulgaire, ont tendance à reproduire les mêmes modes de langage lorsqu’ils accèdent à l’adolescence puis à l’âge adulte.
L’imagination
Indépendamment des qualités que je viens d’évoquer, l’éducation peut inclure également l’éveil de certaines facultés, parmi lesquelles l’imagination. Outre les nombreux jeux éducatifs fondés sur cette faculté, l’un des meilleurs moyens de la solliciter chez les enfants consiste à leur lire régulièrement des contes et à les inciter à imaginer eux-mêmes des histoires. Et lorsqu’ils s’ennuient, il ne faut pas nécessairement vouloir les occuper en les plaçant devant la télévision ou en leur donnant leur console de jeux vidéo. On peut également les laisser jouer dehors ou dans leur chambre, ce qui les oblige à faire preuve d’inventivité et de créativité : rien de tel pour qu’ils se construisent intérieurement, structurent leur imaginaire et développent leur pouvoir d’abstraction et même d’anticipation.
L’intuition
L’enseignement scolaire est fondé essentiellement sur l’usage de la raison et privilégie l’esprit d’analyse et de synthèse. Son but étant l’acquisition de connaissances intellectuelles, il s’adresse avant tout au mental et sollicite l’intelligence cérébrale, que l’on s’efforce d’évaluer au moyen de tests censés mettre en évidence le quotient intellectuel, le fameux Q.I., auquel on accorde trop d’importance. Mais il existe en nous d’autres formes de perception et d’intellection, parmi lesquelles l’intuition. Nous en avons tous fait l’expérience un jour ou l’autre. En règle générale, elle s’exprime à travers une idée soudaine qui résonne en nous comme une vérité et qui l’est effectivement. Il est donc très important d’initier les enfants à l’existence de cette faculté, car dans nombre de circonstances, elle nous éclaire sur des problèmes ou des questions que la raison est incapable de résoudre à elle seule. »
[…]
