Amenhotep fils de Hapou
Ce personnage est un membre éminent de la Fraternité. Sa sagesse légendaire fera de lui un véritable mythe, et à l’époque tardive, lui vaudra même d’être divinisé. C’est lui l’architecte du magnifique temple de Louxor qui est consacré au ka divin des pharaons. Amenhotep fils de Hapou est de la lignée des quelques êtres d’exception, comme Imhotep, que compta l’ancienne Égypte. Lui aussi, à l’instar de son prestigieux ancêtre, était un sage accompli. Nous avons vu précédemment qu’il atteignit l’âge canonique de cent dix ans, ce qui lui confère la marque de la sagesse, comme le précise le chapitre 228 des «Textes des Sarcophages » :
« Cent dix ans de vie, dont les dix dernières années de vie sans péchés. »
Son activité s’étendait à tous les aspects de la société égyptienne. Il est connu en tant qu’architecte, mais il était également grand prêtre, grand médecin, et lui aussi a laissé des livres de sagesse. Amenhotep fils de Hapou se présente lui-même comme un initié aux secrets de Thot, c’est-à-dire à la science de l’univers révélée dans les hiéroglyphes dont Thot est le Maître. Dans le panthéon égyptien, Thot est toujours appelé « le Scribe de Maât ». Il est d’ailleurs représenté dans cette fonction avec la palette des scribes et le calame à la main. Un texte de dédicace retrouvé sur une des statues d’Amenhotep dit ceci :
« Je suis le grand par-dessus les grands,
le versé dans les paroles divines
car je me suis élevé jusqu’aux sciences divines
j’ai vu les splendeurs du dieu Thot
j’ai été muni de ses secrets. »
Cet homme, qui arrive à un moment clef de la civilisation, participe très activement à la révolution qui se prépare dans le secret des Écoles de Vie. Il constitue en quelque sorte une émergence dans la lumière de l’histoire d’une intense activité de recherche spirituelle qui se perpétuait de manière discrète dans un petit cercle d’initiés. L’un des résultats tangibles de ces travaux est peut-être la réapparition de cette notion de ka divin des rois et de temple destinés au culte de ce ka.
Le ka, en ancienne Égypte, est une composante essentielle de l’être. Il représente toute la partie subconsciente de l’homme. Cela englobe les fonctions vitales situées au niveau le plus bas et se prolonge jusqu’au plus haut niveau de la conscience psychique qui constitue l’aspect inférieur de l’âme-personnalité. C’est donc un corps intermédiaire qui fait le lien entre le corps physique et l’âme universelle.
Mais le ka des Égyptiens est plus que le corps psychique de la conception rosicrucienne; il comprend une partie spirituelle qui survit à la mort, et, par un phénomène de transformation, rejoint peu à peu le monde purement spirituel. Il est dit de l’homme ordinaire lorsqu’il meurt, qu’il «passe à son ka». Seul pharaon, qui est un être divin, possède son ka de son vivant. Cela signifie simplement qu’il possède la conscience de son être spirituel.Le temple de Louxor est donc entièrement consacré au culte du ka royal.