Le silence
L’état de « silence » nous l’avons dit, implique la suspension de la conscience de surface ; cependant, la conscience de la personnalité individuelle demeure. Cela survient généralement après une période de recueillement délibérée mais aussi après que l’attention se soit lentement mais fermement détournée des canaux des sens. Pour celui qui entre dans cet état, le monde extérieur semble s’éloigner de plus en plus, jusqu’à ce que finalement plus rien n’existe, si ce n’est le fait souverain de sa propre existence. La disparition des préoccupations mentales habituelles, des bruits et des lueurs que transmettent les sens, est si surprenante que cet aspect négatif est souvent prédominant dans cet état qu’il ne peut décrire que comme un néant, une pure passivité, un vide, une oraison « nue ». Il est là, calme, au repos, sans savoir ce qu’il attend : il sait seulement que même ce vide total est bon. Bientôt cependant, il prend conscience que « quelquechose » remplit ce vide, quelque chose qui est omniprésent, intangible, comme l’air ensoleillé. Cessant de prêter attention aux messages extérieurs, il commence à remarquer « cela », qui a toujours été en lui. Tout son être s’ouvre à cette influence qui pénètre sa conscience.