ÊTRE MYSTIQUE
« Être mystique, c’est simplement participer ici et maintenant à cette vie réelle et éternelle, au sens le plus profond et le plus complet que l’homme puisse concevoir. C’est participer en agent libre et conscient – non comme un serviteur mais comme un fils – à l’œuvre joyeuse de l’Univers, à sa progression, à travers la peine et la gloire, vers sa demeure en Dieu. Cette filiation qui nous est offerte, cette possibilité de coopérer au processus du monde, est le plus grand honneur de l’homme
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Peu m’importe que la conscience soit celle d’un artiste ou d’un musicien, s’attachant à capter et à fixer un certain aspect de la lumière ou de la musique céleste, en éludant tout autre aspect du monde, afin de se consacrer entièrement à son art. Peu m’importe que la conscience soit celle d’un humble serviteur de la Science, purgeant son intellect pour pouvoir contempler ses secrets avec les yeux de l’innocence, ou que cette Réalité supérieure soit perçue en termes de religions, de beauté, de souffrance, d’amour humain, de bonté ou de vérité. Quel que soit le fossé qui semble séparer toutes ces formes de transcendance, la clef de chacune d’entre elles en est l’expérience mystique. Toutes, dans leur domaine respectif, sont des démonstrations, ici et maintenant, de l’Éternel, de l’expansion de la conscience humaine, qui requièrent des efforts héroïques, qui incitent à réorganiser le caractère autour de centres de vie nouveaux et plus élevés. C’est par leur biais que l’homme peut s’élever jusqu’à la liberté, prendre place dans le grand mouvement de l’univers, et «comprendre, en dansant, ce qui est fait ». Chacun amène le soi qui s’ouvre en toute confiance, sans restriction subjective, à accepter humblement la loi universelle de la connaissance, cette loi en vertu de laquelle «nous contemplons ce que nous sommes», et par conséquent, «seul le Réel peut connaître la Réalité».