Le sens de la vie
Imaginez ce que serait le monde si les hommes et les femmes de tous pays, indépendamment de leurs croyances religieuses et de leurs opinions politiques, s’employaient à faire preuve de sagesse à travers leur comportement. Nul doute que l’humanité serait infiniment plus heureuse. Comme c’était le cas des Pythagoriciens et des Platoniciens, les Rosicruciens postulent que c‘est vers cet état idéal qu’elle évolue progressivement. Mieux encore, ils considèrent qu’elle est destinée à réaliser ainsi ce pourquoi elle vit sur Terre. Cette approche à la fois humaniste et spiritualiste de l’existence peut sembler quelque peu utopiste, mais elle est fondamentalement positive et ne peut que rendre le monde meilleur.
Dire que la spiritualité est une condition importante au bonheur ne signifie pas qu’il faille nous priver des plaisirs et des joies que la vie, dans son aspect le plus matériel, peut nous procurer. Ce qui importe, c’est de ne pas faire de ces plaisirs et de ces joies les seuls fondements de notre bien-être. Comme je l’ai déjà indiqué, le matérialisme ne peut rendre quiconque heureux à moyen terme (et encore moins à long terme), car il ne répond pas aux aspirations de l’âme humaine et cultive ce qu’il y a de moins noble dans la nature humaine. Cela étant, mener une quête spirituelle qui exclurait ce que la vie « profane » comporte d’agréable et de légitime s’apparente à une forme d’intégrisme qui va elle aussi à l’encontre de notre bonheur.
Si vous admettez que tout être humain est corps et âme, et que l’un et l’autre ont des besoins et des désirs spécifiques, vous comprendrez que notre bien-être nécessite un équilibre entre le matériel et le spirituel. Tant que cet équilibre n’est pas respecté, il est impossible d’être heureux dans la durée, car une partie de nous-mêmes est insatisfaite. Ce principe pour ne pas dire cette loi, est très bien illustré par le yin et le yang, symbole de la complémentarité qui doit prévaloir en toute chose. Par ailleurs, la spiritualité est un facteur de bonne santé, à tel point qu’il est désormais admis par des médecins que la méditation et la prière ont des effets curatifs et favorisent la guérison en cas de maladie.
Ce que l’être humain a créé de plus beau dans l’art, de plus inspirant dans la littérature, de plus utile dans la technologie, de plus humaniste dans la science, de plus sublime dans la philosophie…, n’est pas uniquement le fruit de son cerveau et des neurones qui le constituent. De même, ce n’est pas cet organe qui génère des sentiments aussi élevés que la fraternité, l’amitié et l’amour, pas plus que des qualités aussi positives que l’humilité, l’intégrité et la générosité. S’il est capable de telles réalisations, de telles émotions et de telles vertus, c’est parce qu’il possède une âme qui fait de lui un être conscient, non seulement de lui-même, des autres et de son environnement, mais également de ce qui est fondamentalement bien et fondamentalement mal dans son comportement. C’est aussi ce qui suscite en lui le désir et le besoin d’être heureux en compagnie des siens.
Le bonheur n’est pas une science, car il est subjectif, aléatoire et irrationnel; il n’obéit à aucune équation, aucune formule. On dit parfois que c’est un art, mais il est plus subtil encore que la peinture, la sculpture ou la musique. Si tel est le cas, c’est parce qu’au-delà des conditions extérieures qui le favorisent ou le rendent possible, il correspond à une alchimie intérieure qui réjouit notre âme et qui, sous son impulsion, nous rend heureux. Or, c’est cette réjouissance intérieure, spirituelle, qui nous fait ressentir cet état de conscience que nous appelons le « bonheur » et auquel nous aspirons tous.