Les maîtres soufies – Maîtres spirituels
Celle qui est sans doute la plus connue de toutes, Rabia al Adawiya (713-801), faisait de son vivant l’objet d’une véritable vénération, et pour cause : c’est elle qui introduisit la notion d’Amour Divin dans le soufisme, concept qui est considéré comme le fondement même de ce mouvement, au point que certains désignent aujourd’hui les soufis comme les maîtres de l’art d’aimer.
D’humble origine, puisqu’elle aurait d’abord été esclave, elle n’en maniait pas moins la plume. C’est à travers des poèmes plus que par des textes savants qu’elle exprima son expérience mystique. Or, il apparaît que cette expérience relevait du vécu, et non de la spéculation. L’hagiographie musulmane s’est faite l’écho des nombreux miracles qu’on lui attribue.
C’est le célèbre Al Gazali lui-même (IXe siècle) qui la cite comme l’un des plus grands maîtres de la mystique islamique, en relation justement avec cette théorie de l’Amour de Dieu. Selon lui, son exemple constitue de plus une preuve qu’est possible la fusion à laquelle on doit parvenir avec Dieu, c’est-à-dire « l’anéantissement » prôné par les soufis. Rabia se caractérise par cette totale acceptation des desseins divins qui est la marque des véritables élus, et qui découle de la Connaissance directe, intime, de Dieu. Ibn Arabi la tenait en haute estime et la rangeait parmi les rares sages capables de cheminer seuls vers le divin, sans imiter quiconque, par la seule force du bien qu’ils maintiennent en eux.