Le Maître intérieur
La notion de “Maître intérieur“, à laquelle je me suis référé précédemment en relation avec la méditation, est très importante pour comprendre l’essence de cette pratique spirituelle. Comme je l’ai rappelé, elle suppose que la sagesse doit être recherchée en soi-même et non à l’extérieur. Cela veut dire qu’aucun coach, guide, gourou ou supposé maître ne peut faire de quiconque un sage. De même, c’est en méditant par soi-même, dans l’isolement de son âme, que l’on en vient à maîtriser ce qui fait d’elle un art. Dans ce domaine plus qu’en tout autre, c’est l’expérience personnelle qui permet à chacun de découvrir le sentier qui mène à son temple intérieur, lieu symbolique où toute question reçoit sa réponse.
Comment notre Maître intérieur se fait-il entendre à nous ? Au moyen de ce que nous appelons la “voix de notre conscience“. Que nous le lui demandions ou non, elle nous donne constamment son avis sur les choix de vie que nous faisons au quotidien. Sachant parfaitement ce qui est fondamentalement bien et fondamentalement mal dans le comportement humain, elle suscite en nous deux sentiments opposés : la “bonne conscience” et la “mauvaise conscience“. Jamais elle ne se trompe. Néanmoins, nous disposons du libre arbitre, de sorte que nous pouvons tenir compte ou non de ce qu’elle nous dit. Lorsque nous le faisons, nous sommes dans la vérité ; lorsque nous ne le faisons pas, nous sommes dans l’erreur. Son influence est telle qu’elle suffit à nous rendre heureux ou malheureux.
Dès lors que nous aspirons sincèrement à nous améliorer, la méditation est très utile pour nous éveiller à la voix de notre conscience et en faire le guide de notre vie. Au fur et à mesure que se produit cet éveil, il s’instaure une confiance mutuelle entre notre Moi objectif et notre Maître intérieur, au point qu’ils deviennent deux amis inséparables, si ce n’est que l’un a tout à apprendre de l’autre. Que l’on en ait conscience ou non, c’est à cette intime amitié que nous devons tendre, car c’est en elle que réside le bien-être que nous recherchons. En fait, c’est elle qui permet à tout être humain de vivre en harmonie avec lui-même.
Qu’ils soient spiritualistes ou non, la plupart des gens aspirent à être en harmonie avec eux-mêmes, car ils savent intuitivement que c’est la condition première pour être heureux. Mais souvent, ils ignorent comment faire pour créer cet état en eux. Beaucoup ont tendance à le rechercher à l’extérieur, dans des activités qui leur procurent du plaisir sur les plans physique, mental et émotionnel. Comme le prouve l’expérience, cela ne suffit pas. C’est pourquoi tant de personnes, pourtant comblées sur le plan matériel, sont insatisfaites et se sentent malheureuses intérieurement. Le plus souvent, c’est parce qu’elles manquent de spiritualité et de ne donnent pas à leur âme la nourriture qui lui est nécessaire. Là encore, la méditation est la pratique idéale pour lui procurer cette nourriture, car elle induit un état de conscience qui répond à ses aspirations.
Quelle que soit la raison pour laquelle on médite, et quelle que soit la manière de le faire, cela nécessite de s’intérioriser, c’est-à-dire, comme je l’ai déjà dit, de se rendre symboliquement dans son temple intérieur. Vue sous cet angle, la méditation a un caractère sacré, car elle incite au recueillement et fait naître en nous le désir d’être aussi pur et vrai que possible. À un moment donné, nous avons le sentiment de baigner dans la partie la plus lumineuse de notre être, avec tout ce que cela implique en termes de sérénité et, comme le disent les Rosicruciens, de paix profonde. Lorsqu’il est pleinement vécu, cet état de plénitude est tel que nous nous sentons mieux que dans n’importe quelle église, synagogue, mosquée ou autre temple édifié par les hommes.