En conclusion
« Une expression que vous connaissez certainement consiste à dire que le rôle des parents est d’ «élever leurs enfants». Le mot «élever» me semble on ne peut plus significatif, car il traduit le fait que l’éducation a effectivement pour but de les guider vers les hauteurs symbolique de la sagesse, ce qui lui donne une connotation à la fois éthique et mystique. C’est en ayant cela à l’esprit que les adultes devraient s’évertuer à les éduquer et les instruire. S’ils consentaient à faire cet effort, nul doute que la société s’améliorerait de génération en génération, et finirait par refléter individuellement et collectivement ce qu’il y a de meilleur dans la nature humaine.
D’un point de vue rosicrucien, l’humanité, pas plus que la Terre elle-même, n’est le fruit du hasard ou d’un concours de circonstances. Elle est une famille d’âmes liées par une destinée commune : manifester l’état de sagesse, prélude à l’instauration d’une Société idéale. Certes, une telle perspective peut sembler utopiste et l’est probablement, mais rappelons ce que Platon, que j’ai déjà cité, a déclaré à ce sujet : «l’Utopie est la forme de Société idéale. Peut-être est -il impossible de la réaliser sur Terre, mais c’est en elle qu’un sage doit placer tous ses espoirs ». Si tous les humains nourrissaient cet espoir et s’employaient à le faire vivre, il ne fait aucun doute que le monde irait infiniment mieux.
Assurément, je pense que la sauvegarde de l’humanité réside en grande partie dans l’éducation. Si elle persiste à renier ce qui fait sa dignité et sa raison d’être, elle en viendra à exprimer davantage encore ce qu’il y a de pire dans la nature humaine, jusqu’au moment où elle disparaîtra sous l’effet de ses instincts les plus destructeurs. De nos jours, on parle beaucoup d’économie, de politique, de science, de haute technologie, mais pas suffisamment d’éthique. Or, la société est à l’image des valeurs qui sont les siennes à une époque donnée. À en juger par son état actuel, il semble évident qu’elles ne sont pas bonnes. Si celles que j’ai évoquées dans cet opuscule étaient suivies par une majorité de citoyens, ne pensez-vous pas que nombre de problèmes et d’épreuves auxquels nous sommes confrontés disparaîtraient ?
S’il y a un domaine qui mérite le consensus, c’est bien celui de l’éducation. Trop souvent, elle fait l’objet de partis pris idéologiques, tant parmi les gouvernants que les gouvernés, et donne lieu à des divisions et des oppositions qui ne font que créer la confusion et troubler les esprits. Pourtant, les parents, et d’une manière générale les adultes, devraient faire abstraction de leurs opinions politiques et de leurs convictions religieuses s’ils en ont, et privilégier l’intérêt des enfants, et par extension celui de la société. Dans ce domaine, le mieux est de faire appel à un principe que nous semblons avoir perdu : le bon sens, c’est-à-dire le sens de ce qui est bien et utile pour tous.Conformément à l’adage populaire : « Il n’est jamais trop tard pour bien faire ». Alors, redonnons à l’éducation toute son importance et replaçons-la au cœur de nos préoccupations. L’idéal serait même d’en faire une cause internationale car, comme je l’ai dit en introduction, elle est en perdition dans quasiment tous les pays du monde, ce qui compromet l’avenir de l’humanité. Si nous voulons qu’il soit conforme à nos plus belles espérances, nous devons nous employer à bien éduquer nos enfants, c’est-à-dire faire d’eux des êtres humains respectueux d’eux-mêmes, des autres et de la planète sur laquelle ils ont le privilège de vivre.